Voici quelques unes de mes productions.
J'écris depuis quelques années, sans prétention. (Je n’ai d’ailleurs jamais été très bon en écriture…!)
Le journal d’une âme
-Bienvenue mon enfant !
-Où suis-je ?
-Quelque part.
-Où ça quelque part ?
-Là où tu décideras d’être.
-Mais qui suis-je ?
-Tu es une âme qui vient de naître.
-Une âme, qu’est-ce que c’est ?
-C’est une vie, la plus belle des créations.
-Et vous, qui êtes-vous ?
-Je suis une partie cristallisée du grand tout. Appelles moi Seigneur, bien que cela soit un titre générique.
-Pourquoi suis-je là ?
-Pour être.
-Je ne comprends pas.
-Tu comprendras plus tard…
L’âme observa autour d’elle le grand tout et demanda :
-Qu’est ce que je dois faire ?
-Tu dois, comme toutes les autres âmes, évoluer.
-Je ne suis pas la seule ?
-Non, vous êtes tellement nombreuses qu’il serait vain de tenter de vous compter.
L’âme se mit à sentir et à percevoir ses compagnes autour d’elle, mais elle avait du mal à saisir ce qui se passait alors elle se tourna vers le Seigneur et dit :
-Que font-elles ? Comment évolue-t-on ?
-Elles font ce qu’elles veulent. Qu’elle que soit l’action, on évolue dans le grand tout.
-Donc je peux faire ce que je veux ?
-Oui.
-Mais en regardant autour de moi, je vois mes sœurs, pourtant je sens qu’elles ne sont pas toutes ici. Où sont les autres ?
-Certaines sont dans les mondes denses.
-Qu’est ce que les mondes denses ?
-Je vais te montrer.
L’âme sentie que son environnement changeait. Un lieu étrange s’offrait à elle : une grande ville. Elle était tel un fantôme, intangible avec la seule capacité d’observer.
-Où suis-je maintenant ? demanda-t-elle.
-Tu es dans un lieu que les âmes ont créé pour évoluer plus vite. Un des mondes denses.
-Pourquoi évolue-t-on plus vite dans les mondes denses ?
-Ici tout est plus dense, l’expérience aussi. Elle a donc plus de valeurs en moins de temps.
Automatiquement, l’âme se concentra pour ressentir ce monde. Le premier ressenti qu’elle perçu fut le soleil et les planètes qui l’entouraient. Puis elle se concentra sur cette terre, plus précisément sur la ville qu’elle observait.
Elle sentait la ville entière comme si elle était la ville elle-même. Une fois qu’elle comprit ce qu’elle ressentait, elle se focalisa sur un endroit précis, un jardin au centre duquel il y avait un pommier.
Elle était émerveillée par ce qu’elle voyait. L’observation d’une simple pomme lui permit de comprendre tous les mécanismes énergétiques complexes de la création : ce fruit avait germé, grandi, mûri et sa destinée était de nourrir un être. Des dizaines de ces fruits se multipliaient encore et encore. Un homme s’approcha pour cueillir une pomme. Il croqua à pleines dents et se délecta du goût sucré qui remplit sa bouche. L’âme s’émerveilla cette fois-ci de la capacité du corps humain à assimiler toute cette énergie venant de ce fruit. L’âme observa le bien fait des vitamines, des minéraux, des oligoéléments sur le corps mais elle observa également les contre parties énergétiques qui agissaient ça et là dans le corps.
-C’est magnifique ! S’exclamât-elle.
-Oui, la création est quelque chose de magnifique, lui répondit le seigneur.
-Je comprends pourquoi mes sœurs viennent ici !
-C’est vrai, mais malgré tout il y a une chose qu’il faut prendre en compte.
-Quoi donc ?
-Tout ce que tu ressens, c’est par ce que tu n’es encore qu’une pure essence du grand tout.
Quand tu rentres dans les mondes denses, tu perds ta lucidité actuelle, ta capacité à être en affinité avec les énergies. Les mondes denses t’imposent des lois que tu seras trop faible pour refuser.
-Je ne comprends pas.
-Je vais te montrer.
A ce moment là, l’âme vit une vie dans une incarnation : un travail fatigant, le stress de ne pas pouvoir subvenir au besoin de sa famille, des dettes et des traites à payer etc…
Mais ce qui l’a frappa tout de suite, c’est qu’elle était déconnectée de sa vision actuelle, si extraordinaire.
Déstabilisée par ce qu’elle venait de voir, l’âme se tourna vers le seigneur et lui dit :
-Mais au moment où mon enveloppe physique mourra, je redeviendrais lucide n’est-ce-pas ?
-Oui, ne t’inquiète pas. Mais il faut que tu saches qu’une fois la route des mondes denses empruntée, tu y es lié. Tu dois aller au bout du chemin et t’incarner encore et encore jusqu’à ce que tu arrives au but.
-Comment ça ? Mais je vais me perdre dans ces mondes ! Je ne reviendrai jamais ! dit l’âme affolée.
-Tu reviendras, fais moi confiance, répondit le seigneur.
-Je ne vois pas comment je pourrais retrouver le chemin. La projection que je viens de voir n’est pas très glorieuse.
-Tu retrouveras le chemin à un moment de ton existence.
-Quand ?
-C’est très simple. Après avoir vécu ce que tu as à vivre, tu auras soif. Une soif si intense que rien au monde ne pourra la soulager, à part une chose…
-Quoi donc ?
-Moi, répondit le seigneur.
-Vous ?...
-Oui Moi. Tu me reconnaîtras sur ton chemin et rien ne pourra freiner ton appel…. Ni gloire, ni argent, ni pouvoir, ni ton attirance pour l’autre sexe… Au plus profond de ton esprit une seule chose comptera… Moi.
-Rien ne pourra me tromper ?
-Tant que tu utilises les bons outils pour communiquer avec Moi via ton toi profond, tu seras parfaitement guidé…
-Quels sont les bons outils ?
-L’intuition et l’énergie.
-Y en a-t-il d’autres ?
-Oui, mais certains sont moins pertinents que d’autres. Les émotions sont de très mauvais guides car trop instables. Le mental n’est pas non plus ce qu’il y a de mieux.
-Pourquoi ?
-Pour deux raisons essentielles : ton mental sera conditionné par ton environnement et surtout il ne sera pas équipé pour Me comprendre. Le cerveau que tu acquières dans les mondes denses est très limité. Cette notion d’infinie que tu ressens continuellement vis-à-vis de Moi, cette notion de toute puissance… tu la sens mais tu ne l’analyses pas. Le cerveau analyse. Et quand il tente de m’analyser, il se perd, il tourne en rond, alors il me rejette.
-J’ai du mal à comprendre…
A peine eut elle finie sa phrase que l’âme se sentie happée.
Soudain, elle se retrouva face à un léger filet d’eau sans savoir d’où venait cette eau mais en revanche elle savait qu’elle avait soif et que seule cette eau pouvait la désaltérer. Alors elle s’approcha et au moment de toucher l’eau du bout de la langue, elle se sentit basculer à nouveau.
-Papa ! Papa ! Regarde, le chaton que tu m’as donné boit au robinet !
L’âme venait de basculer du corps d’un chaton dans le corps d’un enfant.
Elle avait envie de fermer le robinet, ce qu’elle fit et le chaton semblait étonné. L’âme se mit à rire.
Elle bascula à nouveau pour se retrouver dans le corps du père de l’enfant.
Elle riait aussi en observant la tête du chaton. Puis l’âme regarda par la fenêtre. Des nuages gris s’amoncelaient, annonçant un prochain orage. En tant qu’adulte elle savait que par le miracle de la création l’eau du ciel arrivait à son robinet par tout un tas de mécanismes complexes. Mais ce qui semblait le plus préoccupant sur l’instant était de nettoyer les bêtises du chaton.
Puis l’âme revint devant le seigneur. Après quelques instants, celui-ci lui dit :
-Les cerveaux denses sont limités, préoccupés. Tu comprendras mieux quand tu y seras.
-Je comprends surtout, avec tout le respect que je vous dois, que dans les mondes denses, on tend plutôt vers l’abrutissement qu’autre chose…
Le seigneur lui dit doucement :
-Dans cette existence, chacun joue comme il le souhaite le jeu de la vie. Certains se contentent de l’abrutissement, d’autres pas, regarde…
L’âme se retrouva au sein d’une ville, dans une rue marchande, près d’un buisson au côté du Seigneur. La majeure partie des personnes présentes vaquaient à leurs occupations. La plupart broyant des pensées bien alambiquées.
-Que dois-je voir ? demanda l’âme.
-Attends, répondit le Seigneur sereinement.
Quelques instants plus tard, non loin de là, l’âme remarqua un homme. Elle sentit qu’il avait quelque chose de particulier, une énergie différente l’entourait.
-C’est un de ceux qu’on nomme un créateur ou un artiste. Non pas un simple consommateur, dit le Seigneur, ayant lu en l’âme. C’est cette différence que tu sens. Cela lui amène une énergie de bien meilleure qualité…
L’homme s’arrêta devant le buisson. Alors que la plupart des personnes passaient leurs chemins, ce petit homme regardait avec attention cet arbuste. L’âme pu saisir les pensées de cet homme. C’était un grand maître dans l’art du bonzaï. Le temps semblait s’être arrêté alors que cet homme regardait attentivement ce buisson. Son imagination galopait. Il était capable de voir quelle forme pouvait prendre cet arbuste, comment plier les branches afin de le rendre plus majestueux, comment pencher le tronc pour lui donner une forme plus plaisante, quelles feuilles coupées…
Il avait l’image de ce buisson mais complètement sublimé. Au bout de quelques minutes, l’homme sourit et continua son chemin.
-Tu vois, dit le Seigneur, il ne tient qu’à toi de te comporter en fils de Dieu. Et non pas en être abruti comme tu dis. Vouloir aller de l’avant est facile dans ce monde. A chaque instant de ta vie, tu as des possibilités pour avancer. Il suffit d’ouvrir les yeux...
-Je comprends…
Après un moment de réflexion l’âme demanda :
-Est-ce que je serais seule sur le chemin ?
-En réalité vous êtes toutes sur le même chemin. Peut-être trouveras-tu des compagnons de route… ou peut-être pas…
-Comment les reconnaîtrais-je ?
-C’est bien simple ce seront les êtres qui ont la même soif que toi et ce sera la base de votre amitié, la seule base véritable qui existe.
Vois-tu, continua le Seigneur, il existe au sein de l’univers certaine choses définitives, c’est-à-dire Moi en tant qu’énergie créatrice et stabilisatrice de l’univers ainsi que mes enfants les âmes. Il existe aussi des choses non définitives. Ce sont des créations sans conscience comme les mondes entier qui sont créés autour des âmes avec leurs lois énergétiques, et les corps de transition nécessaire à l’incarnation…
Tu apprendras lors de tes passages sur Terre que de nombreuses choses peuvent paraitre pesantes mais en contre partie tu sauras en apprécier d’autres, plus légères. Tu feras des rencontres. Certaines te seront bénéfiques et d’autres au contraire ne t’apporteront rien.
Toute âme recherche Dieu. Mais lors de l’incarnation, certaines de ces âmes doivent passer par différentes étapes. Par exemple, la plus agréable est l’épanouissement personnel.
-L’épanouissement ? Qu’est ce que c’est ?
-C’est le meilleur paramétrage possible de ta personnalité et par répercutions celui de ce qui t’entoure.
-Et c’est cela qui me permettra de vous trouver ? Puisque vous disiez que toute âme recherche Dieu.
-Disons que ça te mettra sur la voie. La densité est telle sur Terre que dans un premier temps tu seras absorbé par tout ce qui est linéaire et au final sans importance. Tu sais, tu n’auras que deux repères lors de ton incarnation pour te faire réagir.
-Lesquels ? demanda l’âme impatiente.
-L’agréable et le désagréable qui seront conditionnés par énormément de choses.
-Comme quoi ?
-Le fait que tu naisses d’un coté ou de l’autre de la planète, le fait d’être un homme ou une femme, ton patrimoine génétique, ton éducation… Tellement de choses en réalité…
-Ça a l’air complexe…
-C’est divin… Le divin est simple et complexe. Tout dépend sous quel angle tu le regardes.
Le monde dense que nous venons de visiter est coupé en deux grandes parties. Les scientifiques d’un côté et les religieux de l’autre. Les premiers aiment la complexité, alors que les seconds vivent dans la simplicité. Aucun des camps n’a l’air d’avoir compris qu’ils vont dans le même sens. Quand ils seront au bout du chemin, cela leur sautera aux yeux. Ils se demanderont même comment ils ne l’ont pas remarqué plus tôt.
-Comment ça ?
Le Seigneur sourit et dit :
-Tu vois plus tu comprends ce monde dense, plus tu me poses des questions vis-à-vis de celui-ci. Mais pour te répondre je suis obligé de devenir plus « humain ». Si je devais tout t’expliquer, les choses prendraient une étrange tournure. L’explication ne vaut pas le vécu, et puis il n’est même pas sûr que tu ailles dans ce monde dense là.
Pourtant ce qui est sûr, c’est que ta curiosité naturelle à me comprendre, a m’explorer et donc à évoluer, te poussera à aller dans les mondes denses.
-Quand ?
-Quand tu le souhaiteras. Veux-tu y aller maintenant ?
-Non, pas vraiment. Pour l’instant je préfère profiter et jouer avec ma puissance actuelle.
-Très bien quand tu auras exploré toutes tes limites actuelles et que tu voudras aller plus loin appelle moi, je t’expliquerais comment aller dans les mondes denses.
Après un temps quasiment indéfini qui pourrait se compter en milliard de milliard de milliards d’année humaine, l’âme s’arrêta, contempla un instant son monde et ses sœurs, puis exprima très fortement son souhait :
-Seigneur ! Je veux évoluer, montrez-moi comment faire pour aller dans les mondes denses!
FIN
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Celui qui voulait être libre
Un jour un très vieil homme était sur le point de mourir. Toute sa famille autour de lui pleurait. Son fils était présent, accompagné de son épouse et leur enfant âgé de dix ans.
Le père de l’enfant, voulant lui éviter de la peine, lui demanda d’attendre dans la pièce voisine. L’enfant s’exécuta et s’assit dans l’autre pièce. Mais malgré le mur qui les séparait, il entendait très clairement ce que le grand-père disait :
« Mon fils, je ne regrette qu'une seule chose. Ta défunte mère et moi t'avons donné toutes les armes nécessaires pour te défendre dans cette vie. Je t'aime de tout mon coeur mon fils bien aimé, mais me voilà au seuil de la mort et je regrette qu'une seule chose, c'est de ne pas m'être accompli moi-même. Je dois être franc, je suis triste de partir et de ne pas être libre… ».
Aux sanglots qu’émettait son père, l’enfant compris qu’à cet instant son grand père s’en fut pour toujours.
Le soir après un dîner sans saveur, l’enfant regagna sa chambre et alors que des sanglots lui serraient la gorge, il se mit à penser :
« Que peut bien être la liberté ? Comment l’atteindre ? »
Des larmes roulaient le long de ses joues. Mais il trouva finalement le sommeil en pensant à son grand-père.
Le matin même, il se promit de plus jamais pleurer car cela faisait trop mal. Pour cela, il devait trouver cette fameuse liberté.
Quelques temps plus tard, il alla chez son oncle, le frère de sa mère, et il lui demanda :
« Tonton c’est quoi être libre ? »
L’oncle, un peu étonné par cette question, lui répondit :
« Et bien être libre, ça commence par ne pas avoir de patron, moi j’en ai un et je ne me sens absolument pas libre à cause de lui ! »,
L’enfant rétorqua :
« J’ai compris merci tonton » puis il rentra chez lui.
Durant les dix années qui suivirent l’enfant se mit à étudier de manière ardus, il y mettait tellement d’énergie qu’à l’âge de vingt ans il avait déjà sa propre société d’import-export. Pourtant il sentait qu’il n’était pas libre, ses fournisseurs, ses clients ainsi que l’état lui imposaient des tas de contraintes qui le rendaient plus esclave qu’autre chose.
Un jour, il décida de vendre sa société pour un bon prix tout en gardant des parts de celle-ci, puis décida d’aller chercher la liberté dans d’autre pays.
Il partit au Japon, car il avait entendu parler du Zen et cela l’intriguait. Il se présenta devant le premier temple qu’il rencontra.
Le maître du temple, un homme très gentil, l’accepta comme disciple. Il lui donna des vêtements traditionnels, lui rasa la tête et lui expliqua le principe du Zen :
« Ton esprit doit devenir aussi calme qu’un lac en hiver, tu dois te libérer de tes pensées qui t’enchaînent à ce monde ».
Le jeune homme charmé par ces paroles se mit à méditer profondément avec motivation. La première année fut éprouvante. Ses pensées étaient tellement sauvages qu’elles le persécutaient jusque dans son sommeil. La deuxième année fut déjà bien plus calme. Puis la troisième année, il arriva à cet état que le maître nommait le silence intérieur. Le maître était très content des progrès de son élève et voyait déjà en lui un grand maître de Zen.
Un jour le maître demanda au jeune homme s'il voulait bien l’accompagner faire des courses en ville. Le jeune homme était enchanté car cela faisait trois ans qu’il n’avait pas quitté le temple. Sur le chemin, il se mit à flâner. Il était heureux de pouvoir regarder le monde de manière direct sans que le mental ne s’en mêle.
Alors qu'ils étaient devant la vitrine d'un magasin à contempler une très belle caligraphie, le jeune homme par mégarde bouscula un passant. Ce dernier, mécontent, l'interpella vivement :
« Dis donc tu cherches des ennuis blanc bec ? »
Le maître Zen s’approcha et dit à l’homme « Veuillez pardonner mon élève, il… »
L’homme jeta le maître Zen à terre d’un revers de la main avant qu’il n’ait pu finir sa phrase et cria :
« Toi le vieux fou, je t’ai pas parlé »
Puis il se dirigea avec fureur vers le jeune homme. Soudain, on entendit au loin des sifflets et les pas précipités des policiers qui accouraient vers eux, matraques à la main. L’homme jeta un regard noir au jeune homme avant de disparaître dans la foule. Un des policiers aida le maître Zen à se relever. Lorsque ce dernier eut repris ses esprits, il rentra au temple avec son disciple, sans dire un mot.
Durant la nuit, le jeune homme se demanda:
« A quoi cela sert d’être libre dans sa tête si n’importe qui peut vous maltraiter, cela n’est pas possible, ce n’est pas la liberté ! »
Le lendemain, il expliqua à son maître qu’il partait. Le maître lui souhaita bonne chance et bonne route, puis lui dit qu’il sera toujours le bienvenu dans son temple.
Le jeune homme se dit que la liberté devait être la force et qu’il devait fortifier son corps pour que ce qui s’était passé entre son ancien maître et l’homme n’arrive plus jamais.
Après quelques jours de marche, il arriva dans un village situé au pied d'une colline. Il se mêla à la foule regroupée au sein de la place principale du village. Un homme annonçait haut et fort qu'un rassemblement était prévu l'après-midi même. Un rassemblement des plus grands maîtres d'art martiaux. C'était pour le jeune homme l'occasion rêvée de trouver un nouveau maître qui le guiderait vers la liberté.
En arrivant au rassemblement, il se mit à observer les combats qui se déroulaient dans les différents rings. Il assista à plusieurs combats mélangeant divers arts martiaux, venant de tous les coins du monde. Il y avait des combattants de tous les gabarits qui attendaient leur tour pour démontrer leur supériorité.
Dans cette foule, il remarqua un homme asiatique. La différence entre lui et les autres, était dans son regard. Il était perçant, ne montrant aucun doute. Il était habillé de magnifique habits de soie et d’or. Un énorme dragon combattant un tigre était dessiné dans son dos. Il était coiffé d'une queue de cheval qui tenait ses long cheveux noir de jais.
Cela faisait beaucoup rire deux catcheurs américains derrière lui qui imitaient des bruits de fillette. Il ne leur prêtait aucune d’attention. Il était fier et noble. Le jeune homme fut impressionné par son calme et la force qui émanait de lui.
Quand ce fut au tour de l’asiatique de combattre, il dit devant tout le monde qu’il voulait affronter les deux catcheurs en les pointant du doigt sans les regarder. L’organisateur fut étonné et demanda aux intéressés s’ils étaient d’accord.
Ils répondirent par l’affirmative et montèrent sur le ring en échangeant un regard savourant déjà leur victoire.
Quand le départ fut donné, d’un geste vif et rapide l’asiatique donna un coup de pied fouetté dans la glotte du catcheur le plus proche ce qui le mit K-O. L’autre fut surpris mais avant qu’il ne réagisse, l’asiatique lui donna un coup de poing dans le genou. On entendit un craquement. Puis du même bras, pendant que le catcheur s’effondrait, il lui donna un coup de coude dans la tempe. Le combat était terminé. En l’espace de sept secondes les deux catcheurs étaient vaincus.
Il n’y avait plus aucun bruit dans l’assemblée. Tout le monde regardait l’asiatique descendre du ring avec une agilité féline puis en regardant la foule, il dit :
« Je suis venu ici pour démontrer la supériorité de mon art. Le kung fu est le père de tous les arts martiaux, ne l’oubliez jamais. Maintenant que cela est fait, je n’ai plus rien à faire ici ». Il fit demi-tour et quitta le village.
Immédiatement, le jeune homme s’élança à sa poursuite et en se mettant à genoux il lui demanda s’il voulait bien être son maître. L’asiatique lui dit de le regarder dans les yeux et lui demanda :
« Que cherches-tu en me voulant comme maître ? »
Le jeune homme lui répondit sans l’ombre d’une hésitation :
« La liberté ! »
L’asiatique sourit et dit en recommençant à marcher :
« Tu es accepté. »
Le jeune homme le suivit au fin fond de la Chine, où celui-ci lui apprit les différentes et redoutables techniques de kung fu mélangées au Tai Chi. Le maître lui expliqua que l’énergie était le secret de la victoire. Sans elle l’homme ne peut pas vivre. Elle est la base de cet univers.
Sans relâche le jeune homme s’entraîna durant une douzaine d’années. Il était devenu tellement fort que certaines fois, il arrivait même à battre son propre maître.
Il était devenu un homme, se sentait libre et fort. Son maître était très fier de lui.
Pourtant tout bascula le jour où son maître ne vint pas à l’entraînement. Etonné l’homme alla dans la chambre du maître et le trouva suffocant.
Il était clair qu’il avait une attaque cardiaque. Perdu au milieu des montagnes, l’homme ne sut pas quoi faire et le maître mourut dans ses bras.
Le jeune homme hurla de rage. Le souvenir de son grand-père refit surface. Des larmes lui serraient la gorge, mais il prit le dessus et ne pleura pas.
Après s'être occupé de la dépouille de son maître, l'homme abbatu de douleur et de chagrin se remit en question : « La force est-elle la liberté si la mort nous touche au premier signe de faiblesse ? »
Il se demanda dans quelle direction chercher maintenant. Il en était au même point que quinze ans en arrière. Il se mit à réfléchir et se souvint qu’un jour un de ses professeurs lui avait dit que l’Inde était une des plus vieilles cultures au monde.
Il devait bien y avoir là-bas quelqu’un qui sache comment être libre. Il acheta son billet d’avion. Le lendemain, il foulait le sol indien.
L’homme se dirigeait vers les villes qui avaient les plus anciens temples du pays, bien que la plupart étaient des attrapes touristes. Un peu éloigné de la ville, il découvrit un temple, plus petit que les autres. Dans un premier temps, il pensa que ce temple était fermé, malgré l'entretien du jardin alentour. Il s'approcha et entendit des voix.
Après avoir frappé à la porte principale sans résultat, il fit le tour de l'édifice et apperçut une porte à l'arrière entrouverte. Il s'engoufra dans le temple et fut accueilli par quatre vieux indiens qui lui demandèrent ce qu'il voulait.
L'homme leur demanda si l'un d'eux connaissait une voie pour atteindre la liberté. Étonnés par la demande, les quatre moines hindous se regardèrent et l’un d’eux dit :
« Pour être libre, il faut être le divin ».
L’homme ne comprenait pas ce que le moine lui avait dit. Les quatre compères parlèrent entre eux un moment dans leurs langages, et le même moine qui lui avait déjà donné une réponse lui dit :
« C’est impossible de comprendre en un claquement de doigt. Si tu veux tu peux rester avec nous. Nous avons déjà un autre apprenti qui cherche tout comme toi des réponses ».
L’homme accepta et se mit à suivre les enseignements anciens qui parlaient de dieux justes, aimants et intelligents, qui donnaient les clefs de la liberté aux hommes.
En échange des enseignements, l’homme devait avec l’autre apprenti, faire toutes les taches ménagères du temple. Dans la pièce principale, il y avait une statue que les quatre moines vénéraient et adoraient. Ils lui faisaient des offrandes matin et soir.
Cette statue était une femme bleue très moche avec trois yeux et huit bras. Le sol devait être nettoyé après chaque don d’offrande que les moines faisaient à la statue.
Durant cinq ans, l’homme apprenait les écrits sacrés que les moines tenaient cachés en secret depuis plusieurs générations. Il apprit à avoir du discernement et sa culture augmentait de semaines en semaines.
Un jour alors qu’il nettoyait le sol devant la statue avec l’autre apprenti, il se rendit compte qu’il y avait un coin qu’il omettait de nettoyer à chaque fois. Ce coin était caché par un renfoncement dans le mur. Il y donna un coup de balai et à cet instant précis, il sentit une vibration derrière son dos.
Le temps qu’il se retourne, il apperçu le visage décomposé de l’autre apprenti.
Il y avait devant leurs yeux une apparition avec une tête d’éléphant qui flottait dans l’air. Elle regardait l’homme et lui dit:
« Je sais ce que tu cherches, je suis venu te donner la liberté ». L’homme fronça les sourcils et lui demanda:
« Mais pourquoi maintenant! Je cherche la liberté depuis l’âge de dix ans! Pourquoi tu ne me l’accordes que maintenant ? »
L’apparition lui dit :
« Pour avoir cette liberté il te faut me vénérer. Il n’y a que le jour où tu as passé la porte de ce temple que tu as réellement commencé ce travail. Ton esprit doit être clair et propre dans cette vénération. Durant des années, tu as nettoyé le sol de cette pièce qui symbolise ton esprit en omettant de nettoyer certains recoins. C’est comme si tu omettais de nettoyer les recoins de ton propre esprit. »
L’homme lui répondit :
« Alors c’est pour ça que tu es venu me donner ma liberté ? Car j’ai bien nettoyé le sol ? » Puis en hurlant, il se jeta sur l’apparition et lui assena plusieurs coups de balai. L’apparition disparue d’un mécontentement total, l’autre apprenti lui dit :
« Mais tu es fou ? Elle venait te donner le but de chaque homme ! »
L’homme jeta son balai avec rage sur le sol et criât :
« Une divinité qui donne une raison aussi stupide ne peut sûrement pas me donner la liberté ! »
Puis il prit ses affaires se disant qu’il ne trouverait pas ce qu’il cherche ici.
Il retourna chez lui, las de chercher. Sa famille l’accueillie avec joie. Tous écoutèrent avec grande attention ses récits de voyages. Une fois qu’il eu finit, remarquant son désespoir sa mère lui dit :
« Tu sais mon fils quand je ne sais pas dans quel sens tourner ma vie, je m’en remets à Dieu » puis elle lui conseilla de venir à l’eglise avec elle ce dimanche. N’ayant rien à perdre il accepta.
La messe se passa sans grande surprise. L’homme était pris dans ses pensées à savoir vers où se diriger maintenant.
Pendant ce temps, sa mère s’en fut raconter les problèmes de son fils au prêtre en lui demandant de l’aide. Le prêtre accepta en souriant.
Alors que l’homme regardait une photo de Jésus, le prêtre s’assit à côté de lui et se mit à regarder la photo à son tour. Après quelques instants, il lui dit :
« Tu sais quel a été le seul homme libre dans ce monde mon fils ? »
L’homme se tourna vers le prêtre d’un regard interrogateur. Le prêtre voyant qu’il avait gagné sa profonde attention continua :
« C’est notre Seigneur Jésus… »
L’homme lui répondit :
« Libre ? Libre de quoi ? De se faire crucifier. Vous parlez d’une liberté, avec tout le respect que je vous dois, je ne suis pas sûr que vous ayez raison ».
Le prêtre impassible reprit :
« Ce n’est pas si simple, mon fils. Jésus certes a été crucifié, simplement pour prouver au monde qu’il était un homme comme les autres. Mais peu après, il a ressuscité et a démontré que la vraie liberté était dans le dépassement de la mort et la réunification avec Dieu. Il a laissé tout un tas d’indices pour que nous puissions le rejoindre dans cette voie. Certains sont bien plus voyants que d’autres. C’est à chacun de les trouver dans sa vie. »
Le prêtre se leva et dit :
« Je dois m’en aller maintenant. J’espère t’avoir été d’une aide même minime, si tu as des doutes, tournes toi vers notre Seigneur c’est le meilleur conseil que je puisse te donner. »
Puis le prêtre s’en fut, après avoir été remercié par l’homme.
L’homme remarqua que la photo qu’il regardait depuis tout à l’heure montrait un Jésus plein d’amour avec un cœur sur-brillant qui brûlait.
Il avait senti certaines choses dans cette zone lors de son entraînement en Chine, quand il s’était mis en état de silence complet et qu’il avait fait des exercices énergétiques pour renforcer son kung fu. Il se sentait plus joyeux, plus calme dans cet état.
Il se mit à réfléchir sur ce qu’il avait appris durant ces années de recherche.
Il ne s’était senti libre que partiellement, mais à chaque fois il avait approché une facette différente de la liberté, la liberté monétaire, puis la liberté du mental, la liberté du corps, et enfin la liberté du conditionnement.
Il mélangea tout ça et se dit que si on mettait toutes les pièces du puzzle ensemble ça devrait bien donner quelque chose.
Il lui restait encore des parts de la société donc l’argent n’allait pas lui manquer. Il se mit à imbriquer les éléments de ses expériences grâce à la réflexion qu’il avait acquise en Inde. Il suivit l’indice du cœur que Jésus avait laissé. Il y couplait la liberté du silence de l’esprit et les exercices énergétiques.
Durant une dizaine d’années, il occupa ses journées avec ses exercices, d’années en années il se sentait mieux… meilleur était le mot exact.
Enfin un jour il sentit une force se déployer dans son cœur. Exactement où Jésus avait indiqué. Pour la première fois, depuis des années des larmes se mirent à couler sur ses joues, cette fois ce ne furent pas des larmes de tristesse, mais des larmes de pure joie. Il avait enfin trouvé ce qu’il cherchait. Sa joie était sans mesure car il était enfin réellement libre.
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